Boffres - Portrait d’une femme engagée gourmande de nature

 

Emmanuelle Bennett mène sa vie d’entrepreneuse comme elle a engrangé une partie de son existence : acquérir

du savoir, l’art de transformer la matière première, s’épanouir dans la reconnaissance de son travail et valoriser ses expériences vers de nouveaux projets.

 

Un parcours de vie incroyablement formateur

Emmanuelle Bennett est née à Seyne sur Mer le 26 décembre 1981 d’un père franco-américain, basketteur professionnel, et d’une mère professeur d’anglais en lycée. Très jeune déjà, elle et sa soeur, étaient soignées par leur mère avec des médecines douces. De 1983 à 1999, après une mutation parentale à Annecy le Vieux, Emmanuelle Bennett consacre beaucoup de temps, comme son père, aux sports nature, ce qui ne l’empêche pas de remporter brillamment son Bac littéraire/Art plastique à orientation artistique (dessins) tout en maîtrisant les langues (espagnol, français, anglais, américain). Elle met en application, dans le domaine culturel, ses récents acquis, et “pourquoi pas dans le patrimoine culturel précise-t-elle. En fait, tous les métiers m’attiraientalors pourquoi pas devenir maçon ?” Son choix finalement se porte sur la gestion des territoires, protection du patrimoine. Emmanuelle Bernett enchaîne huit années d’études entre 2002 et 2007 entre : le cursus juridique, droit international, économie, développement durable, une année de préparation à Sciences Po, un stage à la chambre d’agriculture de Savoie avant d’obtenir une aide à la conversion en bio et une convention de stage chez “Ucare” en éco construction et distillation, un master 2 en économie international, le développement durable, sensibilisation à l’agriculture biologique, un stage dans le Triève (2008/2009) dans une ferme bio d’élevage caprin, préparations au sol, compostage, pratiques culturales, une formation herbaliste (2012 - 2014) à l’école lyonnaise des plantes médicinales après un BPREA polyculture en 2012/2013 élevage option PPAM au CFPPA de Bourg les Valence... De quoi avoir le tournis! Un élément déclencheur “là où je me trouvais à ma place, où ma vie avait un sens, un choix qui s’imposait pour vivre en autonomie” se produit entre 2012 et 2014 grâce aux études de conversion d’exploitation en AB sur 3 jours. Emmanuelle Bennett cumule par ailleurs entre 2009 et 2011 une activité au sein du magasin “La Vie Claire” à Meylan comme employée de vente en produits bio et conseillère en naturopathie, gestionnaire du magasin.

 

Comme cela ne suffisait pas à son emploi du temps, elle se lance, sur le département de la Drôme, à co-lancer un collectif regroupant nombre d’entrepreneurs aux mêmes vues tout en créant en janvier 2014 sa société “Manue des Bois” comme chef d’exploitation agricole, en entreprise individuelle, pour transformer les petits fruits rouges sur la commune de Boffres. Elle poursuit l’activité collective qui consistait à tester les semis, plants, à travailler la terre, gestion d’un poulailler, élevage de brebis, four à pain, dans un contexte de vie en communauté qui prévoit aussi la mise en place associative de concerts dans les bois et un festival artistique. Elle se portait alors aux fourneaux, parfois pour 150 convives.

 

Découverte des plantes aromatiques et leurs transformations

Emmanuelle Bennett s’est ainsi nourrie de contemplation environnementale par une formation large et variée puis plus spécifique afin d’appréhender “comment les choses fonctionnent” mais également par la lecture d’ouvrages dédiés. Elle découvre alors la reconnaissance des plantes à usage médicinale durant la première année de son activité, de la transformation, objet de sa deuxième année dans le cadre de sa formation herbaliste par des stages botaniques et préparations des plantes. Après de très nombreux essais, tentatives, sur de savants mélanges, des recettes de baumes et autres produits, elle apprécie alors les gestes méthodologiques pour parvenir à l’autonomie et l’efficience. Dans le même temps, pour des contraintes économiques, elle participe à une expérience incroyablement formatrice en partageant la vie médiévale, le retour aux bases, au sein de l’association “La Mesnie des magnauds” à Fontaine (38) au sein d’une troupe d’artisans travaillant la pierre, la menuiserie, le cuir, le bois ainsi qu’une troupe de combats “Frères d’armes de Thorn” où elle s’initie à l’escrime médiévale. Après avoir découvert l’Ardèche lors d’un passage à Nozières, elle fait l’acquisition le 25 novembre 2013 d’une maison sur Boffres à Chabrière avec le rachat de 3/4000m2 de terrain pour y développer son propre projet de vie. Emmanuelle Bennett met au monde en octobre 2014 un petit Amaël et continue de cumuler “Manue des Bois” qui se porte à merveille avec la cogestion du magasin de producteurs ‘L’Arbre à Pain” à Vernoux, avant de devenir en avril 2018 membre du conseil d’administration de l’Afocg 26/07 (association de formation collective à la gestion des deux départements). Emmanuelle Bennett développe ses ventes à “l’Arbre à pain”, belle opportunité pour le magasin demandeur, de produits issus d’une cinquantaine de plantes aromatiques, cosmétiques, médicinales et de petits fruits rouges riche en antioxydants, des plantes et fruits bio, huiles de massage et macérâts, baumes, tisanes, sirops, confitures et confiseries, aromates et pesto, vinaigre et huiles aromatisées, apéritifs, savons à froid, hydrolats, alcoolats et gemmothérapie,  ainsi qu’elle le fait par ailleurs à l’occasion de marchés, foires, autres magasins dans les circuits de producteurs. Mais plus son activité se développe, plus les modalités de travail (séchage des plants à Vernoux, manque de place car beaucoup de manutention, avances de trésorerie, lieux de production, de vente et le travail incontournable de la terre), plus elle se sent à l’étroit et peu en adéquation avec ses valeurs d’une bonne et saine gestion du temps. Son exploitation et ses produits sont certifiés en Agriculture Biologique par Ecocert France.

 

A l’horizon 2020/2021 : l’autonomie

Emmanuelle Bennett s’active ces dernières semaines à monter un dossier de financement participatif afin de faire bâtir sur sa propriété un laboratoire et un lieu de stockage/séchage, afin d’accéder en bio énergie, bio-diversité, géobiologie, à un réel confort de travail lui permettant de souffler mais de travailler sur un vivrier parfaitement maîtrisé. Le travail du sol s’effectue à la main ou au motoculteur, la récolte est manuelle, parfois aidée d’une serpette, dans le respect des rythmes lunaires et de l’agriculture biologique.

L’autonomie est le maître-mot de ce qui la guide depuis plus de 10 ans et comment ne pas être convaincu, devant tant d’engagement, de quête constante de savoir, de pratique, qu’elle a toutes les armes à sa disposition pour parvenir à ses fins. Ce sera alors le début de la découverte d’une autre aventure dont elle a le secret.

https://www.manuedesbois.com/