Des pesticides inefficaces et dangereux sont toujours épandus dans le vignoble !
Pression sur les pesticides. Après le dernier Cash Investigation sur les pesticides et malgré les
paroles rassurantes du dernier colloque environnemental de l'interprofession de Bordeaux (CIVB), les chiffres sont têtus : Bordeaux est dans l'œil du cyclone des pesticides et l'image de ses appellations en sort dégradée. Au niveau local, la grosse mécanique du déni s'est remise en route à pleins gaz sous la houlette du CIVB et de la FDSEA, maîtres d'œuvre de l'omerta. Le président de l'interprofession, Bernard Farges, déclare ainsi : «Ces traitements ne sont faits qu'avec des produits homologués et en respectant les procédures ». Ceci est exact. Mais….
|
|
|
Générations Futures
- François Veillerette - porte-parole de GF :
06 81 64 65 58 Cette adresse e-mail est protégée contre les robots spammeurs. Vous devez activer le JavaScript pour la visualiser._Cette adresse e-mail est protégée contre les robots spammeurs. Vous devez activer le JavaScript pour la visualiser.
- Nadine Lauverjat - coordinatrice de GF :
06 87 56 27 54 Cette adresse e-mail est protégée contre les robots spammeurs. Vous devez activer le JavaScript pour la visualiser._Cette adresse e-mail est protégée contre les robots spammeurs. Vous devez activer le JavaScript pour la visualiser.
Cash Investigation. Produits chimiques : nos enfants en danger
Elles s’appellent Syngenta, Monsanto, Bayer ou Dow, vous ne les connaissez peut-être pas. Ce sont des multinationales de l’agrochimie qui fabriquent les pesticides utilisés dans l’agriculture. Leurs produits se retrouvent dans les aliments, dans l’eau du robinet et même dans l’air que l'on respire. Certains sont cancérigènes ou neurotoxiques, d’autres sont des perturbateurs endocriniens particulièrement dangereux pour les enfants. "Cash Investigation" a eu accès à une base de données confidentielle sur les ventes de pesticides en France, produit par produit, département par département, entre 2008 et 2013. En moyenne, ce sont près de 65 000 tonnes de pesticides purs qui sont épandues chaque année sur notre territoire. Aujourd’hui, l’Hexagone est le premier consommateur de produits phytosanitaires en Europe.
Des molécules dangereuses
Depuis 1980, les cancers infantiles augmentent de 1% par an en France, soit environ 2 500 cas supplémentaires chaque année. C’est la deuxième cause de mortalité chez l’enfant. Existe-t-il un lien entre ces maladies et l’exposition aux pesticides ? Pour les scientifiques du monde entier, il n’y a plus guère de doute.
Le folpel produit par Bayer, l’atrazine de Syngenta ou le chlorpyrifos-éthyl de Dow Chemical. Derrière ces noms inconnus du grand public se cachent des molécules aux risques sanitaires avérés. Des molécules qui rapportent des milliards d'euros aux multinationales. Après un an d'investigation en France, en Allemagne, en Suisse ou aux Etats-Unis, "Cash Investigation" révèle comment certains produits mettent nos enfants en danger.
La démocratie polluée par les pesticides
Le dernier volet de l’enquête a conduit l'équipe de "Cash Investigation" à Hawaï. Le climat de cet archipel paradisiaque permet quatre récoltes par an. C'est pourquoi les multinationales y testent leurs produits. Dans ce qui est probablement le plus grand labo à ciel ouvert d’expérimentation d’OGM au monde, elles font un usage massif de pesticides. On y recense dix fois plus d’anomalies congénitales que la moyenne aux Etats-Unis. La mobilisation des citoyens a permis de faire passer une loi locale pour limiter les dégâts. Les industriels ont immédiatement répliqué, attaquant cette loi devant les tribunaux, et ils ont gagné. A Hawaï, au grand jeu de la démocratie, c’est la chimie qui l’emporte.
"Cash Investigation. Produits chimiques, nos enfants en danger", une enquête de Martin Boudot, diffusée mardi 2 février à 20h55 sur France 2.
> Et un livre pour aller plus loin : les journalistes Martin Boudot et Antoine Dreyfus publient Toxic, aux éditions Les Arènes, une enquête sur l'étendue des dommages causés par l'industrie des pesticides.
Révélations de « Cash Investigation » sur l’agriculture qui tue
Les pesticides, nous en mangeons, nous en buvons et nous en respirons. Ils font la fortune de quelques géants de l’agrochimie – six, exactement – et ont des conséquences graves sur la santé publique. Le postulat de départ de l’équipe de « Cash investigation », sur France 2, est remarquablement illustré par ce documentaire percutant. Leur démonstration a des chances de secouer le public, encore loin de mesurer l’ampleur du problème.
D’autant que les journalistes ont choisi de concentrer leur enquête sur les victimes les plus vulnérables des épandages incontrôlés dans les champs, les vergers et les vignes : les enfants, et plus encore les fœtus exposés dans le ventre de leur mère. Tumeurs cérébrales, cancers, autisme, malformations congénitales, retards de développement : le nombre de cas augmente à grande vitesse. Les scientifiques multiplient les recherches qui établissent un lien entre ces courbes alarmantes et celles des pesticides, des médecins tentent de sonner l’alarme. En vain.
On ne peut plus dire que l’on ignore le danger. Mais tout se passe comme si la santé publique ne pesait rien face aux millions de tonnes de « produits de protection des plantes »,comme les désignent les industriels, autrement dit face aux rendements agricoles. Et comme certains insecticides, herbicides, fongicides sont très persistants, même une fois interdits, ils contaminent encore pendant des années, voire des siècles, l’air, la terre, l’eau, jusque dans les nappes phréatiques. L’émission alterne les rencontres avec les riverains et les dirigeants des firmes de l’agrochimie. On est frappé par l’impuissance des premiers et le cynisme des seconds.
Lire aussi : Quel est le coût des pollutions agricoles ?
Dans la campagne californienne, au milieu des citronniers, les ouvriers agricoles mexicains et leurs familles respirent quotidiennement du chlorpyrifos, un insecticide interdit en France. « Sur huit femmes enceintes, six qui travaillaient dans les champs avec moi ont eu un enfant autiste, comme mon fils », témoigne une mère.
Cheveux des enfants
Elise Lucet et Martin Boudot sont aussi allés à la sortie d’écoles de Gironde encerclées par les vignobles. Ils ont proposé à des parents de faire analyser une mèche de cheveux de leurs enfants. Les conclusions du laboratoire sont édifiantes, comptabilisant jusqu’à 44 pesticides, autorisés ou non. Nombre des informations livrées dans ce documentaire étaient connues, au moins des spécialistes. Une fois rassemblées et incarnées par des visages de parents inquiets et d’enfants au regard perdu, elles prennent un nouveau relief.
Lire encore : Monsanto condamné pour l’intoxication d’un agriculteur français
Alors, forcément, le téléspectateur citoyen jubile de retrouver la patte des journalistes de « Cash investigation », cette façon bien à eux de passer un pied dans la porte de l’assemblée des actionnaires de Bayer à Cologne, de s’immiscer dans un dîner chic de sénateurs français organisé par le groupe suisse Syngenta, ou de passer au grill un des porte-parole du lobby des pesticides à Bruxelles.
Lire par ailleurs : Pour les experts européens, le glyphosate est sans danger
Un traitement spécial est réservé à Stéphane Le Foll. Le ministre de l’agriculture est reçu dans une pièce au sol recouvert d’une vaste carte de France des départements les plus consommateurs de pesticides, établie à partir des statistiques inédites de vente que l’équipe a réussi à se procurer. M. Le Foll se laisse aller à une contre-vérité : « Tout le monde peut avoir accès à ces informations », prétend-il, alors que ces chiffres sont plus protégés qu’un secret d’Etat. Puis il lâche : « Je suis parfaitement conscient que c’est une bombe à retardement, un danger pour la santé, pour l’environnement et même pour l’économie. » On ne peut pas mieux dire.
Magazine présenté par Elise Lucet. Une enquête de Martin Boudot (France, 2016, 135 min). Le mardi 2 février à 20 h 55 sur France 2.
Martine Valo
journaliste Planète
|