1996. Les cadres, assimilés, agents de maîtrise, préparent les uns des reconversions, les autres d'autres formes de retour à l'emploi. Les 35 heures préoccupent les esprits des locataires du Ministère de l'Emploi et de la solidarité. Le concept du « temps partagé » s'étoffe et s'amplifie auprès de cette population bien en peine d'un rebondissement rapide. Cette couche de la population conçoit avec difficulté qu'un « cadre » puisse s'abaisser à un « temps
intérimaire » sur le principe. Toutefois, les postes se faisant plutôt rares, la démarche plaît. La prospection en binôme sur des zones économiques permet de retrouver une dynamique, une solidarité, une motivation d'équipe. Les postes les plus traditionnelles comme la gestion, la compta, le secrétariat, le commerce, la communication, le marketing, trouvent leurs places dans ces démarches actives de recherche d'emploi. Promouvoir le « concept » du temps partagé se retrouve essentiellement au cœur de ces associations. Leurs rôles édictés relèvent donc d'une approche promotionnelle du concept tant auprès des cadres en recherche d'activité que des entreprises en veille de compétences spécifiques.
En effet, le développement d'une TPE, PME, passe par la stratégie humaine du savoir faire. Faute de moyens, un recrutement dit « traditionnel » ne s'envisage pas. Le marché « caché » transparaît dans le fait même de parvenir à faire « émerger » la possibilité d'une mission pour parvenir à ces fins. « Au juste temps, au juste prix ». Ainsi, un poste se décline. Il est proposé au sein de l'association et de ses membres. Une heure par jour, par semaine, une journée par quinzaine, une semaine par mois : les entreprises y trouvent leur compte. Le temps partagé favorise grandement le retour à l'emploi de ces cadres expérimentés et fiers de l'être.
Les années passent. La crise devient trouble fête. Les quadragénaires se retrouvent visés aux côtés des quinquagénaires. Les jeunes ne franchissent pas la première étape d'intégration dans la vie active. Les seniors crient leur désespoir d'être relégués aux archives perdus alors qu'ils ont tant de savoir faire, de faire savoir à transmettre à la génération suivante. Que de gâchis ! Se retrouvent alors dans ces associations des individus juste séparés par deux ou trois générations différentes. Le bain de galères s'y trouve identique.
2014. Le principe du temps partagé existe toujours et perdure. Toutefois le profil des candidats aux missions multiples s'avère très différend. Les pertes d'emploi frappent tous les âges, tous les profils, tous les métiers, en particulier ceux des nouvelles technologies. Pour s'en sortir, les cadres, assimilés cadres et agents de maîtrise prouvent leurs capacités à rebondir. Ils se créent des activités sous différents statuts : portage salarial, scop, auto entrepreneur, etc.
La résultante toutefois de ces mutations des métiers, des statuts porte sur la disponibilité et la gestion du temps. Fini le temps du demandeur d'emploi qui meuble ses semaines à la recherche très active d'un nouveau poste. Il s'accorde volontiers à consacrer une journée ou deux dans sa semaine pour intégrer une équipe de prospection sur le terrain. Il n'hésite pas à utiliser son téléphone pour procéder aux relances aux fins d'obtenir un rendez-vous. Il s'adonne à la mise à jour des fichiers. Il s'engage dans toutes les démarches institutionnelles et contribue ainsi à faire connaître le concept du temps partagé. L'association s'y retrouve et lui aussi.
Un freelance se doit d'oeuvrer pour développer son activité individuelle. La prospection, la relance, l'établissement de devis, la production : les enjeux ne sont pas les mêmes et sa disponibilité non plus. Il ne peut donc consacrer à l'association qu'un temps mesuré, choisi ou imposé par ses propres impératifs de développement voire de survie. Il ne saurait être question de se voir reprocher son manque d'implication dans la vie associative. Il s'adapte aussi en fonction de la zone de prospection : zone rurale ou agglomération importante. Les pratiques ne peuvent être identiques. La distance entre chaque zone économique ou d'activité s'appréhende différemment.
Autant un demandeur d'emploi trouve une disponibilité salutaire pour l'association et pour lui durant cette phase de quête active, autant il quitte l'association une fois la mission obtenue pour mieux s'y consacrer. Un freelance, a contrario, trouve dans cette dynamique associative, le moyen de réaliser une prospection active en binôme afin d'y trouver des missions complémentaires. La prospection est un exercice difficile plus facilement réalisable à deux et au sein d'une équipe motivée et investie. Il a plus de chance de rester dans la structure sur un terme plus long. Encore faut-il que le profil de ses compétences soit connu, reconnu au sein même de l'association. Cela revient à dire que le discours doit évoluer.
L'adaptation, la remise en cause doivent être le propre de l'Homme. Qu'il s'agisse d'une personne morale ou d'une personne physique, l'indéniable nécessité de s'adapter s'impose pour coller aux évolutions du marché, à l'implacable mutation sociale sociale. Il ne convient donc pas qu'une association qui perdure vingt années plus tard ne comprenne pas les enjeux qui se dessinent pour ces bénévoles d'un nouveau genre. Le cumul des statuts en sont la cause. Un travail salarié à temps plein se suffit à lui même d'une façon générale. En revanche, il n'en est pas de même d'un temps partiel. La quête d'une autre activité, d'autres ressources s'impose. Le temps partagé, en 2014, répond parfaitement à cette attente.
Cette mutation sociale voit fleurir, mois après mois, années après années, des initiatives entrepreneuriales, entre autre dans le domaine du conseil, de la formation, du développement des réseaux sur internet, de la communication digitale et numérique en particulier. Ces métiers ne sont pas tous rentrés au sein des TPE et petites PME.
Le message du temps partagé doit impérativement évoluer s'il ne veut pas mourir. Des cadres entrepreneurs disposent d'un temps « compté ». Des métiers en pleine évolution n'intègrent pas encore la démarche auprès des petites entreprises. « Une TPE-PME sur deux de moins de 10 salariés n'a pas de site Web » (26/01/12 JDN L'Economie de demain). « Si une TPE-PME sur deux n'a pas de site Web, elles sont 69% de plus qu'il y a deux ans à en avoir ». Le « nouveau » bénévole de ces associations en temps partagé organise ses semaines. Il priorise ses tâches entrepreneuriales au détriment de celles demandées par l'association à laquelle il a adhérée. Il fait alors en fonction de son bon vouloir et de ses disponibilités hiérarchisées.
Le concept du temps partagé doit s'adapter à la fois à ces mutations sociales et aux exigences des nouveaux besoins à faire émerger. Tout va bien plus vite qu'en 1996. La pérénnité de ces associations, de leurs démarches, de leurs objectifs passe pas des moyens modernisés, acquis et compris, qui tiennent compte de la réalité des nouveaux adhérents, du marché et du terrain. Leur crédibilité est à ce prix.
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France Lumiere
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