Elle aura voyagé de l'Amérique du nord à nos contrées. L'ambrosia artemisiifolia à feuille d'armoise s'installe sur le territoire national dans les années 1860. Une simple présence dans un lot de semences fourragères nous vaut aujourd'hui tant de ravages. Lors de la reconstruction après la seconde guerre mondiale, l'ambroisie s'est déplacée au
gré des grands travaux sur l'ensemble de la métropole. Depuis ces années 50, l'évolution du climat a conforté son développement.
La particularité de l'ambroisie tient au fait que les graines n'utilisent pas le même mode de transport que bien d'autres plantes. Les graines sont transportées par les éléments liquides relayés par les semelles de chaussures, les pneus des véhicules qui roulent sur des surfaces de terre où les graines se sont réfugiées. L'homme se place donc en pôle position de son déplacement et de sa multiplication. Le travail du sol, les récoltes agricoles, tout contribue alors à semer de façon importante l'ambroisie. Retourner la terre devient alors un facteur important pour faciliter la germination. Le cycle se poursuit et le phénomène s'impose comme incontrôlable.
La « lutte » contre l'ambroisie ne porte ce mot que sur le principe mais pas sur l'action. Rien n'existe à l'heure actuelle pour endiguer le phénomène. Cette plante sauvage est reconnue comme non cultivée et non protégée. Elle apparaît toutefois dans des textes généraux qui meublent les Codes de la santé publique, ceux des collectivités territoriales et mieux, ceux de l'environnement. Le statut de l'ambroisie au niveau national et européen fait l'effet de controverses. Tout le monde constate son expansion mais personne n'agit pour protéger la santé publique. Alors à ce stade parler de lutte relève de la pure hérésie.
Les élus locaux s'organisent ils pour favoriser l'éducation de la population locale ? Parler d'organisation de la lutte contre la prolifération de l'ambroisie implique de réelles procédures suivies contrètement dans la réalité sur le terrain. Mais il n'en est rien. Il y a t il concertation ? La mobilisation est elle réelle en définitive ? Au bord des routes, qu'il s'agisse de grandes agglomérations ou de petites communes rurales, l'ambroisie règne en maître et ne connaît pas finalement d'ennemis héréditaires. Conjuguer les efforts de chacun, en amont par de l'information, voire de la formation, et en aval par des campagnes de sensibilisation, de ramassage, permettrait sans doute de faire avancer les actions préventives et curatives. Cela implique une large concertation de tous les acteurs : régions, départements, communes c'est à dire les maires, préfets, responsables d'établissements publics, etc.
Cette « mauvaise herbe » se développe donc aussi vite qu'une épidémie. De la famille des Asteracées du type tournesol, elle s'élève jusqu'à un mètre de haut, tel un buisson, au stade de sa floraison. Difficile de dire qu'elle ne se voit pas. Certes, l'ambroisie peut être confondue par d'autres plantes à diverses phases de son développement. Ces dernières s'avèrent inoffensives pour la santé. Les sujets fragiles réagissent fortement au pollen d'ambroisie. En fonction de la concentration des graines de pollen dans l'atmosphère, les états de santé s'aggravent de façon plus ou moins importante en fonction de la quantité, fréquence, régularité.
En région Rhône-Alpes, des capteurs de pollen ont été installés. L'identification est réalisée au microscope. A raison de 10 litres par minute, des particules sont aspirées et canalisées sur une bande adhésive avant le comptage. Une simulation est alors réalisée pour apprécier la respiration humaine. Ainsi, il a été identifié qu'il suffit de 5 graines de pollen par mètre cube d'air pour qu'une population plus sensible qu'une autre à l'ambroisie réagisse à son contact.
Cela représente 6 à 12 % des individus. La cause mérite d'être prise en considération pour la santé publique de tous. Les symptômes s'avèrent alors variés : rhinite, conjonctivite, trachéite, asthme à des stades plus ou moins avancés. Ces gros rhumes des foins, selon l'expression populaire, se transforment dans bien des cas par de l'urticaire, eczema à fortes démangeaisons avec des rougeurs et boutons. Le sentiment d'étouffement porte à son paroxisme l'état général du patient.
Mais qu'attendent nos élus locaux, nos responsables du Ministère le plus concerné pour passer à l'action ? A se demander s'ils se promènent dans nos campagnes. Peut être faudrait il qu'ils roulent à faible allure pour estimer l'ampleur des dégâts sur les bords de route. L'envahissement est suffisamment impressionnant pour se sentir concerné.
Alors au même titre qu'il existe au printemps une journée de grand nettoyage pour nettoyer la nature des déchets humains, pourquoi ne pas imaginer une journée de l'ambroisie avec un enrôlement de toutes les associations locales et autres initiatives individuelles ou groupées ?
La défense de l'environnement doit intégrer celle de la santé publique.
Claire Mollien
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