Les guerres de religion puis la révolution française ont détruit la vie de ce village ardéchois au plus profond de ses racines historiques. Le village fortifié de Boulieu-Lès-Annonay revit depuis les années 1980. Grâce aux irréductibles quinquagénaires (dont certains ont largement dépassé l'âge de retraités très actifs), une poignée de passionnés d'histoire, une tranche architecturale ardéchoise renaît de ses cendres.
Tout d'abord, disparition des archives, saccagées, brûlées. Ce groupe d'hommes et de femmes bénévoles partent à la quête des bouts d'histoire pour tout reconstruire. Ils suivent les traces des trois sœurs Ursulines et retrouvent vers Givors de précieuses pistes. Bien plus tard, les sœurs reviennent plus nombreuses après avoir été refoulées. Reconstruction et aggrandissement de leur couvent : elles sont l'âme enseignante de cette contrée.
Des siècles plus tard, ces habitants, compagnons engagés, décident donc de prêter main forte aux artisans en charge de la restauration de l'église. Tout le mobilier, les statuts, bénéficient d'un rajeunissement général. Guidés par la passion, l'envoûtement de leurs découvertes, ils décident de poursuivre leurs investigations pour retracer le fil de l'histoire de la commune.
Le passé ressurgi avec un talent unique : ils aménagent les espaces, creusent, vident, remettent au jour les neuf tours des remparts, restaurent magnifiquement la chapelle et l'oratoire des Ursulines. Le passé médiéval du village se raconte dans chaque ruelle, chaque maison de vénérables familles.
De 1382, date de la charte prévoyant la fortification (1402) à nos jours, les murs transpirent l'existence de toutes les caves communicantes sur deux hectares et surtout leurs rôles. Il est intéressant par ailleurs de s'informer du pourquoi des cellules d'enfer, au nombre d'une vingtaine. Qui s'y retrouvaient ? Les protestants, les catholiques ?
Pour protéger les âmes de ce village médiéval bâti sur les flancs d'une colline, à 420m d'altitude, à l'abri de la montagne du Colombier, les remparts imposants remplissent leur mission. Aujoud'hui, ils abritent des intempéries une population ardéchoise et ses commerces. Imaginons, en visitant les caves superbement restaurées abritant un musée, ce garde manger à 13°, ces victuailles entreposées et surtout toutes ces barriques du vin local.
Ce village sort d'un long silence. Les bénévoles ouvrent les portes, et en particulier lors de ces journées du patrimoine 2013. Les compagnons sont à pied d'oeuvre pour présenter, raconter, guider et enrôler de nouvelles bonnes volonté pour passer le témoin de la mémoire à préserver.
A l'heure d'une forte sinistrose économique, la vallée annonéenne pourrait trouver de l'air frais en ouvrant ces témoignages historiques à la visite, aux manifestations culturelles (vides greniers depuis quelques années), aux évènements musicaux : pourquoi pas imaginer un festival de mandolines, un délilé des costumes médiévaux ? Tout ce travail gagne à être connu et Boulieu-Lès-Annonay redécouverte.
Site des compagnons du patrimoine :
www.compagnonsdupatrimoinedeboulieu.fr
Visites guidées toute l'année
Tel : 04 75 33 10 17 - 06 20 51 63 03
Claire Mollien
Web rédacteur