Le “Logis du Pic” est un gîte fort connu sur les hauteurs de Saint-Péray. Il ne désemplit pas depuis de nombreuses années. Récemment, la gestion et l’administration est assurée pour un nouveau couple
venu spécialement donner de nouvelles ailes à l’activité déjà bien ancrée et implantée au sein du village à la vue imprenable sur la vallée du Rhône.
Un double profil qui marque par son anachronisme
Le couple est étonnant par son parcours de vie et attachant par le destin qui les mène à se retrouver dans le même projet. Cathy Bialoblocki vient d’une famille polonaise. Née le 6 avril 1968 à Mazingarbe (62) d’une mère au foyer et d’un père employé dans les mines puis la chimie, vit jusqu’en 1991 à Bergues, suite à la mutation en 1978 de son père à Dunkerque. Elle poursuit des études pour devenir professeur après un Bac G mais cela ne lui convient pas. Changement de décor dès 1989 car son choix la porte vers deux années de BTS secrétariat de direction avec un lourd programme en droit et économie pour acquérir “les méthodes administratives dans un lycée pro” précise-t-elle. A 23 ans, elle obtient son diplôme. Deux semaines plus tard, “je me suis mariée avec un militaire de carrière à Pau”, raconte-t-elle, où elle demeure jusqu’en 1995. Elle y recherche en vain un lycée Prof pour exercer. Par hasard, elle s’inscrit à l’ANPE pour des profils de poste d’assistante juridique en cabinet d’expertises comptables droit des sociétés, gestion des litiges. Son fils Aurélien naît en mai 1996. 2000, le divorce est prononcé après la séparation du couple l’année précédente. Elle rejoint le Groupe Dalkia en 2002 avec une mutation au 1er juillet avec son fils à Lyon où elle demeure jusqu’en janvier 2014. Cathy Bialoblocki aspire au changement, à l’évolution de carrière. Après le décès de l’assistante juridique au sein de la société FRIGO CARRIER, elle entre dans l’entreprise le 3 février 2014 pour prendre en charge la gestion des litiges. Elle fait la connaissance d’un autre employé, Vincent Berot avec qui elle effectuera nombre de déplacements professionnels. Dans la complicité des rapprochements des deux collègues de travail et avec l’aide intentionnelle d’amis à Vincent Berot, l’histoire de ces deux personnages évolue dès le 28 août 2015.
Vincent Berot est né à Cherbourg (50) le 14 novembre 1967. Son père est dessinateur industriel. Sa mère est vendeuse. La profession du père évolue vers un métier au sein de la Société Total vers le développement des réseaux de distribution, ce qui amène la famille à des changements de vie réguliers. Vincent Brot avait 2 ans et demi quand les premières mutations professionnelles, tous les deux ans ensuite, ont ponctué la vie familiale. Leurs pas les conduisent sur Lyon en 1980. Vincent Berot, en 1982, démarre à Oullins un BEP de monteur-dépanneur en froid climatisation, études qu’il termine avec le diplôme en poche en 1986. De 1986 à août 1988, il part à l’armée en service long volontaire VSLOM en Outre-Mer (Tahiti) où il exerce à Arve près de Papeete à la division commerciale de la marine. Le 1er septembre 1988, de retour en France métropolitaine, il rentre chez CARRIER en qualité que technicien puis évolue en tant que responsable SAV Sud Ouest, puis responsable technique chez CARRIER RENTAL. Quelques dates clés : mariage en 1995, 1er enfant en 1996, second enfant en 1999. Fin de vie commune en 2006/2007 qui coïncide avec l’émergence d’une maladie peu connue : la névralgie pudendale. Ses nerfs se coincent et s’usent suite à la pratique intensive du tennis qui l’amène à la quasi paralysie. S’ensuivent un divorce et un changement radical de vie. Le 1er septembre 2015, il décide d’intégrer la société ATP AIR TRAITEMENT PROCESS comme responsable du service SAV. Les arrêts de travail permettent au couple de se poser, d’opérer une totale révision de leurs projets, aidés lors d’un séjour en chambre d’hôte en mai 2016. Cela les inspire à un tel point qu’un rêve impensable se dessine peu à peu. Ils découvrent alors qu’ils caressent tous deux les mêmes envies tenues secrètes jusqu’alors.
Le nouveau couple décide d’habiter, à l’été 2016, à Chaponnay. Mais la santé de Vincent Berot se dégrade en janvier 2017 et dans le même temps Cathy Bialoblocki subit un accident de voiture. “Quid de la qualité de vie professionnelle?” soupire Cathy Bialoblocki. La mise en réflexion s’impose au couple qui décide l’interruption, au printemps 2017, de l’activité professionnelle de Vincent Berot pour raisons de santé. Timidement puis fébrilement ensuite, le couple se met enquête d’un gîte de groupe avec salles de réception. Leurs pas les emmènent vers Vals les Bains en mai 2017 mais la viabilité du projet, après de nombreux tractations, mène le couple à privilégier la convalescence de Vincent Brot après son hospitalisation en novembre 2017. Les recherches reprennent en janvier 2018 et cette fois ils touchent du doigt leur rêve en découvrant le site du Logis du Pic malgré un budget au-delà de leurs prévisions. L’acte définitif d’achat est signé le 21 juin 2018…
Un site chargé d’histoire
Sur un plan étymologiste, le nom de Saint-Romain de Lerps, lors des premières circonscriptions territoriales, avait une origine significative sous deux rapports.( “*1 et 2) Dans le premier, par exemple, dans Saint-Romain de Lerps, il convient de reconnaître le nom du “partron”, saint romain, et dans le second, ne se trouve que le nom, ou la corruption du nom profane ou païen, donné primitivement à cette localité LERP. La recherche étymologique du nom amène sur l’appellation latine de cette paroisse dans le moyen âge “sanctus romanus de heremo”, nom que l’on trouve dans les actes du 14ème, 15ème et 16ème siècle, et quelquefois en même temps que celui de LERP ou LERPS. Heremus peut se traduire par Hermes, qui signifie terrain inculte, abandonné, ou par désert, solitude. Dénominations qui seraient assez bien justifiées par la situation du lieu, par son isolement et par la nature du sol. St-Romain, est un saint invoqué par les mariniers du Rhône en vue du Pic qui domine à 650 m d’altitude 11 départements (), De Lerps, du grec “herpe” qui désignerait aussi une ancienne léproserie située au lieudit “Le Pic”, et portait le nom révolutionnaire de “Mont-l’Air”. Herpe convient donc également, pour le second, car terme de médecine, qui désigne une espèce de dartre qui s’étend sur la peau et qui la ronge, maladie connue des anciens sous le nom de lèpre. Faut-il croire que le patron de cette paroisse fut invoqué autrefois pour obtenir la guérison de ces sortes de maladies, ou bien que cette localité, à cause de son air pur et salubre, fut une léproserie, une maladrerie, ou au moins une maison de campagne de quelques uns de ces établissements de charité, dont l’Europe vit au Moyen âge de nombreuses fondations? Autre version encore que celle de l’ermitage du fait de l’isolement en haut d’un pic, lieu aussi le plus rapproché du ciel, le plus favorable au recueillement et à la médiation des vérités éternelles. Tel aurait été le commencement de l’église et de la paroisse de saint romain de lerp. Tout a disparu avec le temps des traces de cet ermitage. Il reste à supposer que cette montagne, dédiée d’abord à Mercure, fut ensuite un ermitage et, plus tard, une léproserie.
En 1793, comme on ne voulait plus entendre parler de saints ni de saintes, on remplaça le nom de saint romain de lerp par celui de Mont-L’Air, écrivant ce dernier mot avec l’orthographe de l’air atmosphérique. Ce néologisme désignait encore assez bien l’endroit qui, par le fait, est très exposé aux ventes, très élevé et comme bâti dans les airs. Cependant, il n’a pu prévaloir, et son usage n’a été que de courte durée. Plus concrètement, en 1814, lorsque les autrichiens occupaient nos régions, ils créèrent un poste de garde à saint romain de lerp, leur permettant de surveiller les environs. En 1850, aucune route traversait le territoire de la commune. Le 17 janvier 1886, le conseil municipal prenait la décision pour la construction d’un chemin du village de st romain de lerps aux grangeasses. C’était le commencement de la route qui, aujourd’hui, relie Saint Romain de Lerps à saint Péray, et, en 1889, son prolongement fut décidé jusqu’au col de Penny. Enfin, en 1909, fut achevé cette route jusqu’à saint Péray, la plus importante voie d’accès que nous avons sur Valence à cette époque. Le village de saint romain de lerps, qui comptait en 2004, environ 80 habitants, a vu son agrandissement progressif au cours des années, après la construction de la première école de filles, en 1867. Dans la même époque, on construisit l’ancienne école de garçons et la mairie, qui, auparavant, se trouvait à Pommaret. Après plusieurs maisons particulières construites par la suite, c’est la deuxième école de garçons en 1907, la deuxième école de filles en 1908 , le nouveau clocher avec la pose des cloches et l’horloge en 1923.
*1 Edition 2004 par l’Abbé Garnodier, éditions air et tourisme prélude d’ardèche édition 1852 St Romain de Lerps et son histoire
Le Logis du Pic nommé “AERIA” dans ses grandes heures
D’après les indications du sieur PL Goichot, en août 2006, la première configuration du Logis du Pic actuel remonte à 1925 grâce à l’architecte CELERIER. La 2ème configuration du bâtiment en 1926 a consisté au changement du auvent, avec le rajout sur la face ouest de l’avancée d’escalier, et sur la face nord de deux pièces (cuisine et “véranda” élevés sur sous-sol et surmontés d’une terrasse). La transformation de la toiture en deux pans simples a été fait par la Fédération des parents d’élèves de l’enseignement public (PEEP). Il s’agissait alors d’une colonie de vacances et centre aéré. Pour cet usage, l’édifice a été transformé, agrandi et rehaussé d’un étage entre les années 1980 et 2005 environ. A cette époque, la propriété s’étalait sur 7 hectares et demi. Faute de trouver un seul acheteur, la PEEP parcellisa en trois lots et la Mairie fit l’acquisition de la partie ouest pour y installer un parcours de santé ainsi qu’un lotissement. A l’heure actuelle, il s’agit de 2 hectares de terrain sur lesquels repose le Logis du Pic de 1.100m2 sur 2 niveaux. Il comporte 3 salles de réception respectivement de 180, 90 et 50m2, 2 locaux “traiteur”, 45 couchages (6 chambres et 3 dortoirs). La location proposée est en gestion libre et chaque événement est privatisé et ce, pour une ouverture assurée tout au long de l’année pour les groupes (fêtes familiales, manifestations associatives, séminaires d’entreprises, etc.)
Cathy Bialoblocki et Vincent Berot partent tous deux dans un axe complet de développement des activités. Pour l’heure, ils enregistrent des réservations jusqu’à fin 2019. Dès ce mois de septembre 2018 et jusqu’au mois de janvier 2019, ils engagent de gros travaux de modernisation des salles de séminaire, des sanitaires, des cuisines, de la façade, du système de chauffage et climatisation. Le but ? Ils visent tous deux à optimiser les réceptions événementielles en direction des entreprises pour leurs incentives, show room commerciaux, réunions de travail. Ils imaginent déjà la création d’ici 2 ou 3 ans d’un “logement insolite” en chambre nuptiale ou gîte touristique dans un cadre événementiel privilégié. Le PLU est du reste en cours de modification. “A Saint-Romain de Lerps, raconte-t-elle, nous vivons dans un cadre avec une vue exceptionnelle, nous avons reçu un excellent accueil des habitants du village et nous sommes toujours bien accueilli par Monsieur le Maire et son équipe qui sont à notre écoute”.
Le couple se complète harmonieusement : Vincent Berot se charges des chiffres et des fournisseurs, Cathy Bialoblocki des clients, de l’administration en générale. “Nous sommes très complémentaire,chacun a son domaine de compétence, précise-t-elle, et l’on ne se marche pas sur les pieds. Le domaine est grand et nous utilisons parfois notre portable pour nous retrouver …. éclate-t-elle de rire!”. Les mots qui résument leur nouvelle vie : “apaisement, aucun stress, plénitude, amour et bonheur”. Les belles histoires se terminent toujours un peu ainsi : ils se marièrent …. la célébration de mariage aura lieu en effet à Saint-Romain de Lerps le 3 novembre 2018 et parions qu’ils n’auront aucun souci pour organiser leur belle réception….!!!
*2 autre source Bernadette sanchez et sur ce projet le groupe généalogie du Calac d’Alboussière en décembre 2012
Claire Mollien
CLP
Hebdo de l'Ardèche, Terre Vivaroise
septembre 2018