Merci Pierre-Jean Llorens pour nous avoir déniché l'article et peut être répondre à l'une de nos interrogations :
et pourquoi pas en France ?
Un programme vient d'être lancé afin de faciliter le retour sur le territoire français d'activités industrielles propices à la relance de l'économie et à l'emploi.
Le lancement d'un programme en faveur de la relocalisation vient d'être annoncé par Arnaud Montebourg, ministre du redressement productif. Ce programme, qui vise principalement 300 entreprises, sera accompagné d'un outil pour calculer les avantages financiers d'un éventuel rapatriement d'activité en France.
L'Agence française des investissements internationaux devrait calculer les avantages pour les entreprises de relocaliser leur activité. Il s'agira d'un service gratuit pour les entreprises qui le souhaite.
Selon le Ministre du redressement productif, le financement d'une relocalisation est beaucoup plus envisageable dans les filières françaises qui sont fortes et performantes comme l'aéronautique, la pharmacie ou le numérique. Ce sera plus difficile dans les secteurs en difficulté.
L'objectif principale du ministère est de convaincre la cible des 300 entreprises de relocaliser leur activité sur le territoire français.
http://jwkieser.free.fr/economie/exposes/IMACS_delocalisation_relocalisation.pdf
Exemple réussi de relocalisation, le cas de Rossignol qui renouerait avec les bénéfices et les embauches, après l'arrêt de sa collaboration avec un sous-traitant taïwanais en 2010. Le made in France apparait comme un qualificatif attrayant pour le consommateur. Cependant, la fabrication sur le territoire français a de la valeur uniquement si on est compétitif d'après Bruno Cercley, PDG de Skis Rossignol.
Source : Communiqué du ministère du redressement productif
© 2013 Net-iris
Reportage Hausse des coûts, productivité stagnante, pressions Un entrepreneur français installé dans le Guangdong explique pourquoi il veut réinvestir dans lHexagone.
Au vu du succès considérable de son entreprise en Chine, rien ne semblait prédestiner Jean-Charles Viancin à sorienter vers une relocalisation en France. Couvert de dettes après léchec de sa PME en France, il sinstalle voilà trois ans en Chine, à Dongguan, dans la province du Guangdong, où il épouse une Chinoise. Avec le soutien dun investisseur français, le jeune entrepreneur de 28 ans y prend la tête de Super Silicone, une usine de fabrication de moules de pâtisserie.
Grâce au silicone qui nattache pas à la cuisson, le Français fait fortune. Son entreprise de 300 ouvriers a enregistré en 2011 un chiffre daffaires de 10 millions deuros, quil espère voir encore grandir cette année, grâce aux 70% de parts de marché quil possède désormais en France et au Japon.
Astronomique. Lexpérience est cependant loin de lavoir convaincu de rester. Et cest vers la France quil tourne désormais ses regards. Des contacts ont été pris avec des élus de la Sarthe, où je cherche à ouvrir, lan prochain ou en 2014, une usine pour le marché français. Dans un premier temps, il conservera son usine chinoise. Ses arguments pour relocaliser sa production dans lHexagone sont nombreux.
Depuis deux ans en Chine, les coûts de fonctionnement ont augmenté de manière astronomique, quil sagisse des charges, des loyers, de leau ou de lélectricité - qui est coupée un jour par semaine en été en raison des pénuries. Comme mon usine fonctionne 24 heures sur 24, ces coupures me font perdre 10% de mon chiffre daffaires, estime Jean-Charles Viancin.
Les salaires des ouvriers ont, eux aussi, crevé le plafond, du moins selon les critères chinois, passant de 2 000 à 3 500 yuans mensuels (255 à 446 euros) avec les heures supplémentaires. Mais, dans le même temps, la productivité de son personnel est restée la même. Un ouvrier chinois a besoin davoir derrière lui un contremaître, un contrôleur de qualité, un team leader, un superviseur et un manager
Pour faire tourner une machine, on a besoin de quatre personnes, alors quen France une seule suffit. Même si les salaires français sont encore dix fois supérieurs aux salaires chinois, lécart samenuise beaucoup en prenant en compte tout cela. Viancin explique aussi que ses acheteurs français - Auchan, Magasins U - sont prêts à payer ses produits 10 à 15% de plus sils sont made in France. Alors, si vous intégrez cette autre donnée, lécart devient minime.
Quelques-uns de ses moules en silicone sont dailleurs vendus au même prix que leurs équivalents faits dans certains pays européens. Sachant quil faut trente jours de bateau pour acheminer nos produits en France, que les droits de douane à limport des produits made in China risquent daugmenter et quil est probable que leuro revienne à parité avec le dollar américain, ouvrir une usine en France prend alors tout son sens.
Selon lui, il nest pas dans la culture chinoise de fonctionner de manière productive. Lincitation ne marche pas, dit-il. Le seul moyen daugmenter marginalement la productivité consiste à payer louvrier à la pièce, en retranchant du salaire le coût des pièces endommagées.
Danger de mort. Selon lentrepreneur, la pénurie de main-duvre qualifiée en Chine reste un formidable handicap. Former un employé est presque inutile, car celui-ci a toutes les chances de quitter lusine au bout dun an pour chercher ailleurs un meilleur emploi. Mais il a dautres raisons de vouloir rapatrier une partie de son entreprise : Mes concurrents me font parvenir des menaces de mort contre moi et ma famille.
Des équipes viennent devant lusine soit pour saccager, soit pour demander à des ouvriers de transmettre ces menaces. Tant quon est client dun industriel chinois, tout va bien, mais dès quon devient concurrent, on est en danger de mort. Ne se sentant pas en sécurité dans la zone industrielle de Dongguan, où se trouve son usine, il vit à 250 km de là, à Canton, et fait la navette tous les jours.
Sans parler des tracasseries administratives, sur lesquelles il ne souhaite pas sétendre pour ne pas avoir dennuis. Un autre industriel français, basé à Shenzhen, non loin de Dongguan, accepte de les évoquer, mais sous couvert danonymat : La corruption au sein des gouvernements locaux est un problème monstrueux, et nous en souffrons quotidiennement. On doit consacrer au minimum 10% de notre chiffre daffaires aux enveloppes rouges les pots de vin, ndlr.
Enfin, le ralentissement du marché intérieur chinois depuis un an est, selon Jean-Charles Viancin, non seulement très perceptible, mais durable. Il touche les industriels qui sont dans le moyen de gamme, tandis que le bas de gamme et le luxe continuent de prospérer. Ce qui signifie que lécart des richesses ne cesse de se creuser, analyse le patron de Super Silicone. Il a peu despoir dans lavenir industriel du pays.
Malgré les appels officiels à linnovation, les PME chinoises ne font généralement pas de recherche et de développement, et stagnent dans le bas de gamme. Pour lui, la Chine reste ni plus ni moins latelier du monde Mais le problème est que cet atelier est de plus en plus cher. Au point de linciter à revenir participer au redressement productif français cher à la nouvelle majorité.