Réalisé par Eric de Legge, Journal du Net
Faurecia affiche ses premiers bénéfices depuis 8 ans
L'équipementier Faurecia est un miraculé. Depuis 2004, il alignait les pertes. La crise tombait au plus mal pour lui. En 2008, le groupe sortait à peine d'une patiente réorganisation. Fragile, déficitaire, il digérait tant bien que mal son incroyable croissance externe (en 15 ans, son chiffre d'affaires a été multiplié par 30). La crise, et sa capacité à geler l'économie, aurait pu tuer ce fleuron Français. En février 2009, le chiffre d'affaires avait chuté de près de 40% en un an. Et les pertes se sont aggravées : 574 millions en 2008, 417 millions en 2009.
Mais en réduisant ses coûts et en coupant dans 20% de ses effectifs, l'entreprise a posé les fondations de son renouveau. En 2010, elle a non seulement renoué avec les bénéfices (202 millions d'euros), mais s'est aussi débarrassé de ses dettes. Aujourd'hui son carnet de commandes et plein et la société profite à fond de la reprise. Un temps chassé, c'est désormais Faurecia qui fait office de prédateur dans le secteur des équipementiers automobiles.
Manitou réembauche pour honorer ses commandes
Le fabricant de chariots élévateurs Manitou a souffert. Sitôt les faillites bancaires annoncées, le carnet de commandes de l'industriel a plongé de 74% le semestre suivant. Le groupe, lourdement endetté a vite vu rouge... Résultat, 146 millions d'euros de pertes en 2009 et surtout 278 sous-traitants de la région d'Ancenis, où l'entreprise est installée, directement menacés. Et 2010 n'a pas vraiment démarré sous les meilleurs hospices. Un plan de départ volontaire de 329 salariés a été mis en place.
Mais au deuxième semestre, les affaires ont commencé à reprendre. L'entreprise en a profité pour assainir ses finances et réduire sa dette de 43%. Et en fin de compte, Manitou a terminé l'exercice avec un chiffre d'affaires en hausse de 23% en 2010, à 838,3 millions. Pour 2011, l'entreprise parie à nouveau sur au moins 20% de croissance et le retour des bénéfices. Et avec son carnet de commandes en hausse, elle a annoncé l'embauche de 100 CDI.
Bénéteau renoue avec une croissance à deux chiffres
Si le constructeur naval Bénéteau est encore debout, c'est sans doute grâce à sa capacité d'anticipation. Ses prévisions de 20% de croissance de chiffre d'affaires pour l'exercice 2010/2011, le Vendéen les doit à ses choix stratégiques pris dès le début de la crise. Dès la faillite de Lehman Brothers, Bénéteau a d'abord tout fait pour préserver son réseau commercial. A coup de remises, le groupe a aidé ses détaillants à écouler leurs stocks. Ensuite, partant du principe que la nouveauté est le moteur de son activité, le groupe a investi en pleine crise dans des nouveaux produits pour les proposer tout de suite. Résultat, dès la saison 2009, il y avait 50% de nouveautés en plus. Enfin, le groupe a mis en place un plan de départs volontaires de 700 salariés.
Autant de décisions rendues possibles grâce à une trésorerie excédentaire accumulée depuis plusieurs années. C'est ce qu'il fallait pour encaisser une chute de 42% de son chiffre d'affaires en 2009-2010.
Bosch avance ses augmentations de salaires
2009 restera une annus horribilis pour le groupe allemand Bosch, géant mondial de l'équipement automobile. Pour la première fois depuis 1945, il a perdu de l'argent : 1,3 milliard d'euros. C'est que 59% de l'activité de l'entreprise est réalisé par ses pièces détachées. Les brutales baisses de commande des constructeurs ont eu raison de sa solidité. Et Bosch a vu son chiffre d'affaires chuter de 16%, à 38 milliards d'euros.
Pour sortir de l'ornière, Bosch s'est appuyé sur trois fondamentaux : réduire les dépenses, conserver les employés titulaires et continuer à investir en R&D. En France, fin 2009, l'usine de Vénissieux du groupe a pourtant failli fermer. In extremis, des lignes de fabrication de panneaux photovoltaïques made in Bosch ont remplacés celles des pompes pour moteurs diesel. Et 2010 fut l'année du redressement. Le report des augmentations de salaires et la mise en place du temps partiel a permis au groupe de profiter immédiatement du rebond. Et l'an dernier, le chiffre d'affaires a atteint un montant record de 47,3 milliards d'euros, soit une hausse de 24% sur un an. Et avec le retour aux bénéfices, l'augmentation des salaires à été avancée de deux mois.
Commerzbank a liquidé ses actifs douteux
Fin 2008, Commerzbank fut la première banque privée allemande à demander à bénéficier du plan de relance bancaire. Il faut dire que quelques jours seulement avant la chute de Lehman Brothers, la deuxième banque allemande avait annoncé sa fusion avec Dresdner Bank et les déboires de sa filiale de crédit immobilier Eurohypo faisaient craindre le pire. Sans l'aide de l'Etat allemand, la digestion aurait pu lui être fatale. Contrairement à Hypo Real Estate, nationalisé, la Coba a trouvé son salut dans un prêt de l'Etat allemand de 16,2 milliards d'euros qui a également pris une participation de 25% au capital pour 2 milliards d'euros.
La banque allemande a depuis liquidé tout ou presque de ses activités risquées avec Eurohypo. Et au grand soulagement de l'Etat allemand, elle a affiché pour la première fois depuis 2007 un bénéfice en 2011 : 1,43 milliard d'euros, contre une lourde perte en 2009 de 4,5 milliards d'euros. Et déjà la banque pense à rembourser l'Etat. Pour y parvenir, elle va procéder à une augmentation de capital de 11 milliards d'euros avant la fin de l'été.
Peugeot a remboursé sa dette à l?Etat
Comme la plupart de ses concurrents, PSA Peugeot Citroën a tourné la page de la crise en 2010. Après deux ans de lourdes pertes, 343 millions d'euros en 2008 et 1,16 milliard d'euros en 2009, le deuxième constructeur automobile européen a affiché un bénéfice de 1,1 milliard d'euros l'année dernière. Ironie de l'histoire, c'est sa filiale de crédit, PSA finance qui contribue pour un tiers à ses résultats alors que c'est elle qui avait contribué a fragilisé le groupe en 2008.
Mais pour revenir ainsi à une situation plus saine, le constructeur a dû trancher. En trois ans, pas moins de 6 800 emplois ont été supprimés en Europe de l'ouest et principalement en France. Et PSA s'est résolu à emprunter de l'argent à l'Etat : 3 milliards pour sa division automobile et 1 milliard pour sa division finance. Tous ces emprunts sont aujourd'hui remboursés. Sur l'autel du redressement, le constructeur a aussi sacrifié son PDG, Christian Streiff, remplacé en 2009 par Philippe Varin. Et il a dû faire une croix sur son partenariat avec Mitsubishi dont la valeur boursière était trop élevée pour le Lion.
Natixis a réduit son portefeuille d'actifs toxiques
Introduite en fanfare à la Bourse au prix de 19,55 euros fin 2006, l'action Natixis s'est effondrée pendant la crise, pour atteindre un plus bas à 0,80 euro en mars 2009. Et pour cause, cette banque, filiale des Banque populaires à l'époque, était probablement une des institutions financières françaises les plus exposées aux actifs toxiques. De quoi affoler les investisseurs et dégoûter les petits porteurs.
Repris en main par la BPCE, fusion des Banques populaires et des Caisses d'Epargne, le titre cote désormais 4,4 euros et les bénéfices sont de retour. Pour 2010, Natixis a affiché un résultat net de 1,7 milliard, contre une perte de 1,4 milliard un an plus tôt. Si la banque détient encore des milliards d'actifs toxiques, elle a su considérablement en réduire le portefeuille et les conséquences sur les résultats. Alors qu'en 2009, le portefeuille d'actifs cantonnés (GAPC) perdait 2,4 milliards, en 2010, cet impact n'était plus limité qu'à 127 millions.
Kaufman & Broad a changé de clientèle
Fin 2008, Kaufman & Broad a senti passer le vent du boulet. Avec des milliers de logements invendables sur les bras, le promoteur immobilier, alors spécialiste des logements neufs haut de gamme, était tout prêt d'être balayé par la crise bancaire. Alors Guy Nafilyan, son PDG, a mis en place une riposte pour sauver les meubles. Il a immédiatement baissé les prix de ses logements. Il a aussi abandonné plusieurs projets et enfin il a réorienté son offre sur les primo-accédant.
Conséquence de ce repositionnement, les remises accordées ont pesé sur les marges, et inévitablement, le chiffre d'affaires s'est effondré de près de 30%. L'entreprise avait beau tailler dans ses effectifs (166 postes sur 900) et fermer 2 agences sur 14, les pertes sont apparues dès 2009 : 29,8 millions d'euros. Mais le plan n'a pas tardé à porter ses fruits. En 2010, cette filiale de PAI a vu ses réservations de logements bondir de 41,3% en valeur. Et si le chiffre d'affaires est étale (936 millions d'euros), les profits sont déjà de retour : 84,4 millions d'euros.
L'Etat américain n'est plus actionnaire de Citigroup
Citigtroup a échappé de peu à la faillite et au dépeçage. La troisième banque des Etats-Unis n'a pu compter que sur l'Etat pour se sortir du mauvais pas des crédits risqués. Les événements se sont accélérés en novembre 2008. En trois semaines, son cours de bourse a chuté de 70%. En plus des 20 milliards de dollars piochés dans le plan de relance américain, l'Etat s'est porté garant de ses actifs à hauteur de 301 milliards de dollars. Et comme cela ne suffisait pas, le Trésor a acquis 7,7 milliards d'actions de la banque en juillet 2009, contre l'injection de 25 milliards de dollars au capital. Au pays du capitalisme triomphant, la première banque de détail américaine avait donc comme premier actionnaire l'Etat.
De dépréciations d'actifs en pertes colossales (27 milliards de dollars en 2008 et 1,6 milliard en 2009), son patron, Vikram Pandit, a restructuré l'entreprise en séparant les activités de trading et de détails. Il a aussi isolé les actifs indésirables et cédé des centaines de milliards d'autres. La banque a ainsi renoué avec les bénéfices en 2010, 10,6 milliards d'euros, et l'Etat américain s'est retiré du capital.
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La crise, un lointain souvenir pour les entreprise du Cac 40
L'ensemble des profits réalisés en 2010 par les entreprises qui composent l'indice phare de la Bourse de Paris dépasse les 82 milliards d'euros. C'est 85% de plus qu'en 2009, et presque à la hauteur des profits record enregistrés en 2007. En revanche, le chiffre d'affaires de ces sociétés n'a progressé que de 6% sur la même période.
L'embellie est générale. L'an dernier, 25 entreprises avaient enregistré une baisse de leurs bénéfices. Cette année, elles ne sont que 6 à connaître ce genre de déconvenue. Une seul perd de l'argent (Alcatel), contre 7 en 2009. Les banques et les constructeurs automobiles qui ont beaucoup souffert ont redressé leurs comptes. Pour expliquer cette embellie, il faut noter que les fleurons du Cac se sont massivement désendettés, ont réduit leurs coûts et ont poursuivi leur internationalisation. La conquête des marchés émergents est d'ailleurs pour la plupart la source de leur croissance actuelle.
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