Dès le berceau, ils passent une partie de leur vie devant les tablettes, ordinateurs, et autres smartphones quel impact sur leur développement ? Enquête
La révolution numérique est en train de façonner une autre jeunesse, peut-être même une autre humanité. (Frédéric Cirou/ Maxppp)
Cest un bébé de 15 mois qui fait défiler ses vacances corses, hilare, sur le smartphone de sa mère. Un autre, à peine plus âgé, qui se lève à 6h30 chaque matin en réclamant liPad, son « plus bon meilleur ami ». Cest une élève de CM1 qui interroge sa maîtresse : « A quoi ça sert dapprendre, madame, tout est sur Wikipédia ? » Un rebelle qui jette son cahier de français au visage de son père : « Et toi alors, tu utilises bien le correcteur dorthographe ! » Une nymphette de primaire qui sagace de devoir écrire avec un stylo : « Ce serait tellement mieux si on avait droit à lordi en classe ! » Une fille de profs qui, la nuit, discute sur la Toile à laide de son avatar. Et tant dautres qui ne trouvent plus le sommeil à force de « texter », tweeter, tchater quand les parents sont couchés.
Une révolution à léchelle de lhumanité
Scènes de lenfance ordinaire en 2012. Sans quon en prenne la mesure, les premiers temps de la vie ont subi en quelques années un bouleversement inouï. « Une révolution à léchelle de lhumanité, comme le dit le psychiatre Boris Cyrulnik. Plus rien ne sera comme avant. Nous avons devant nous de véritables mutants. » Les petits dhommes, échographiés en 3D avant leur naissance, ouvrent aujourdhui les yeux dans un univers numérisé. Autour deux, partout, des écrans, tablettes, ordinateurs, smartphones, jeux vidéo, dans lesquels ils plongent avec délice, souvent même avant de savoir parler. Dès leur entrée à lécole, ils passeront en moyenne cinq heures quotidiennes avec eux. Au collège, ils auront tous un portable avec lequel ils enverront, dans une novlangue de leur cru, en moyenne 83 SMS par jour : « Takacroir ! »
Comment croire justement que ces fascinants doudous modernes naient aucune influence ? Au risque dapparaître ringard ou passéiste, on ne peut sempêcher de se demander ce que deviendront ces petites têtes nourries au virtuel ? Et ces ados sous « ecsta-numérique » ? Quel peut être limpact de ce nouveau monde sur leur développement, leur intelligence, leur façon dêtre et de penser ?
Aux Etats-Unis, pro et anti-numériques se déchirent
Aux Etats-Unis, en Europe du Nord, depuis quelques années déjà, pro et anti-numériques se déchirent à coups dargumentaires souvent baignés didéologie. Les premiers regardent, bluffés, ces « digital natives », comme les a appelés, dès 2001, lessayiste américain Marc Prensky tellement plus curieux, vifs, fluides, rapides. Soyons confiants, disent-ils, les révolutions technologiques ont toujours suscité des angoisses. Jadis, Socrate sinquiétait des ravages de lécriture sur la mémoire des peuples Lhistoire est en marche, inéluctable certes. Mais quelques esprits libres ne peuvent sempêcher de sinterroger. Parmi eux, une éminente professeure de neurologie dOxford, connue pour ses recherches sur Alzheimer, Susan Greenfeld :
Il faut réaliser que ce que lon vit aujourdhui est comparable au changement climatique. Et les enfants sont en première ligne. Lorsquils surfent sur le Net, jouent en réseau, leur cerveau en construction est exposé à une activité trop intense qui perturbe leur développement. »
Difficulté à se concentrer, à communiquer avec les autres, à se projeter, baisse de lempathie seraient les symptômes dune génération de zappeurs élevés en 3D. Dans « The Shallows : What the Internet Is Doing to Our Brains » (traduit, aux éditions Robert Laffont, sous le titre : « Internet rend-il bête ? »), en lice lan dernier pour le prix Pulitzer, le journaliste américain Nicholas Carr fait le même diagnostic. Et prédit même, après un siècle de progression de lintelligence le fameux effet Flynn (1) -, une baisse du QI. Elle serait, selon lui, déjà observée en Grande-Bretagne et en Norvège, deux pays convertis précocement à internet et aux smartphones. Le best-seller de Carr est la bible de nombreux geeks de la Silicon Valley qui, tout en abreuvant nos enfants de leurs inventions numériques, choisissent de confer les leurs aux Waldorf Schools, des écoles privées décrans. « Back to basics », jouets en bois, pâte à modeler, tricot et tableau noir pour près de 20 000 dollars lannée scolaire. Leurs bambins, au moins, ne seront pas intoxiqués.
En France en 2009, 90% des jeunes de 12 à 17 ans avaient accès à internet, 83% possédaent au moins une consome de jeux, 85% un téléphone mobile. (Gérard Launet/Maxppp)
En France, lindifférence a longtemps régné
Bizarrement, la France des Lumières a longtemps négligé ces questions, comme inconsciente, ou dépassée par lémergence de cette nouvelle enfance 2.0. « Quand je demande aux élèves combien de temps ils passent devant les écrans, ils me regardent comme un extraterrestre, note un professeur de lettres dun collège des Yvelines. Et quand jannonce à leurs parents que, de laveu même de leur progéniture, la moyenne tourne autour de cinq à six heures par jour, ils mobservent résignés, lair de dire « on ny peut rien ». » Dans les cercles scolaires, politiques et intellectuels, quelques chercheurs mis à part, la même indifférence a longtemps régné. Mais plus pour longtemps. Le 20 novembre, la défenseure des enfants remettra au président de la République un rapport sur le sujet, avant que lAcadémie des Sciences, en janvier, ne rende à son tour le sien, intitulé « Mon cerveau face aux écrans ».
Loutil quon utilise imprime lorgane de la pensée
Le professeur Olivier Houdé en rédige actuellement les grandes lignes, à la Sorbonne, dans le silence de lancien bureau lambrissé dAlfred Binet, père des tests de QI. Comment se forme lintelligence ? La question passionne depuis toujours cet ancien instituteur belge, diplômé en neurosciences, directeur au CNRS du Laboratoire de Psychologie du Développement et de lEducation de lEnfant. A lorée des années 2000, il sest naturellement intéressé à linfluence des écrans sur les premiers temps de la vie. Cest dans ces années cruciales que se forme le cerveau. Il est alors particulièrement plastique, fragile, hypersensible à tout ce quil voit, touche, ressent, comme lont établi les chercheurs en neurosciences. « Les neurones, générés avant la naissance, vont se connecter durant cette période, puis connaître un regain dactivité au moment de la puberté. Les réseaux, les autoroutes par lesquelles circule linformation, vont se former en fonction de lenvironnement du sujet. On le voit bien chez les petits délaissés par leur mère, les circuits sont altérés », explique Jean-Pierre Bourgeois, directeur de recherche à lInstitut Pasteur. De nombreuses études menées sur les violonistes ou les pianistes démontrent que loutil quon utilise imprime lorgane de la pensée.
De même, le temps passé devant les écrans laisse forcément une trace dans le cerveau du petit dhomme.
Le professeur Olivier Houdé (debout) dans son laboratoire observe lactivité cérébrale des enfants. (Anne van der Stegen
Dans son laboratoire, Olivier Houdé observe lactivité cérébrale des enfants, grâce à lIRM (imagerie parrésonance magnétique) ou lEEG (technique produisant des électroencéphalogrammes à haute densité). Des expériences dans les écoles sur des élèves volontaires, de la petite section de maternelle au CM2, équipés dun casque de 256 électrodes, permettent de mesurer en millisecondes lactivité électrique du réseau neuronal lorsquils sont devant lordinateur. « Après linvention de limprimerie sest développée à grande échelle une intelligence réfléchie, linéaire, lente, cumulative. Avec lécran, on est dans un nouveau mode : fluide, rapide, fragmenté, automatique. Ce sont plutôt les régions postérieures du cerveau, les parties visuelle, sensorielle, lintelligence élémentaire, qui sont activées, indique Olivier Houdé. On sollicite moins, ou trop rapidement, le cortex préfrontal, la partie la plus noble, que lon appelle parfois « lorgane de la civilisation », siège de la synthèse personnelle, du recul, de labstraction. Sans être catastrophiste, il y a là quelque chose qui risque de modifier lintelligence humaine. »
Ces écrans si séduisants peuvent induire des comportements addictifs
Tout dépend, évidement, du temps passé devant lécran, de la présence ou non dun adulte aux côtés de lenfant, de la nature de ce quil regarde. Des études ont montré que certains programmes éducatifs peuvent accélérer lapprentissage de la lecture, que des jeux vidéo améliorent même lattention sélective et la capacité de contrôle. A condition de savoir les consommer avec modération. Cest tout le problème : ces écrans si séduisants peuvent induire des comportements addictifs. Le pédopsychiatre Jean-Luc Martinot, directeur de recherche à lInserm (2), a cosigné une étude européenne menée dans des collèges allemands : « On a remarqué chez les adolescents passionnés de jeux vidéo (derrière leur écran plus de neuf heures par semaine) une augmentation du volume dune partie centrale du cerveau, le striatum, liée au système de récompense. On peut dire que ces jeux vidéo stimulent lune des zones les plus primitives du cerveau, vers laquelle convergent les informations venues du cortex. » On a aussi constaté que les joueurs, comme les grands utilisateurs dinternet, sécrètent, devant lécran, un puissant psychostimulant, la dopamine, comme les accros au tabac, à la cocaïne, à lalcool, aux jeux dargent
Courir, sauter, voler dun coup de joystick
« Eh oui, désormais la défonce est aussi numérique et cela commence tôt, note Roland Jouvent, professeur de psychiatrie à la Pitié-Salpêtrière. Les enfants daujourdhui sont plus richement stimulés que les générations passées. » Ils ne font plus seulement lexpérience de la marche avec leurs jambes, ils peuvent courir, sauter, voler dun coup de joystick. « Moi, je fais cinq sports, du foot, de la natation, du golf, du tennis, du hockey », se vantent les petits garçons, avant de préciser que sils transpirent cest sur leur Wii. « Pour nos mutants, il paraît de plus en plus dérisoire de jouer aux petites voitures quand, sur liPad, ils peuvent conduire une Ferrari en 3D, remarque Roland Jouvent. Les stimulations externes remplacent peu à peu les stimulations internes. » Lenfant shooté aux écrans est, selon lui, forcément moins incité à faire travailler son corps et son imaginaire, à produire ses propres images mentales, pour se faire plaisir, supporter des périodes de souffrance ou de frustration. Il deviendrait, au fil du temps, de plus en plus dépendant de ses paradis numériques artificiels.
En France en 2009, 90% des jeunes de 12 à 17 ans avaient accès à internet, 83% possédaent au moins une consome de jeux, 85% un téléphone mobile. (Roland Weihrauch-Maxppp)
Nombre de spécialistes partagent aujourdhui un drôle de sentiment : les enfants ne savent plus jouer. « Ils nont plus la notion de jouer pour de faux, assure le psychiatre Serge Tisseron. Or plus on fait semblant, moins on se lâche pour de vrai, doù peut être la violence que lon rencontre aujourdhui dans les cours de récré. Des bambins de maternelle font des prises de catch sur leurs camarades, comme sils étaient sur le ring. Si un enfant napprend pas à jouer, il est amputé de la capacité dimaginer, de développer son sens de lhumour, ce qui le prive dun moyen puissant déviter la dépression. » Le constat est identique des cabinets des beaux quartiers parisiens aux CMPP (centres médico-psycho-pédagogiques), qui accueillent des enfants moins favorisés. Cest lécole qui souvent les y envoie pour des problèmes dattention, de comportement, de troubles de lapprentissage.
Ils croient si bien faire en les préservant de lennui
Propos de parents perdus, entendus au CMPP de Tours : « On ne comprend pas, ils ont tout, la télé dans leur chambre, lordinateur, la Xbox. Ils ont tout » « Peut-être trop », tentent sur la pointe des pieds les psys. Car ils connaissent les effets dévastateurs de la télévision à haute dose, spécialement sur les tout petits, mis en évidence dès 1997 par Zimmerman et Christaki, deux pédopsychiatres de Washington. Le suivi de 3 300 familles leur a permis détablir quune consommation excessive peut altérer la formation des synapses et perturber les apprentissages. Les parents, eux-mêmes enfants de la télé, ne réalisent pas toujours que les temps décran, avec lordinateur, les tablettes, les jeux vidéo, ne cessent de sallonger et de brouiller la tête de leurs bambins. Ils croient si bien faire en les préservant de lennui Lennui si cher à Winnicott, qui jugeait ces temps de jachère indispensables à de solides fondations intérieures. « On leur dit aux familles : cest bien aussi de sennuyer. Mais ils ont du mal à comprendre, regrette la psychologue Chantal Marchais. Pour la plupart, lécran est un non sujet. Il faut dire que souvent le père est aussi accro à la Xbox que le fils. »
La DS et liPad sont les tétines de lenfant moderne
Les parents sont souvent pris au piège de leurs propres contradictions. La pédiatre star de la plaine Monceau, Edwige Antier, en voit à la pelle de ces bobos profs, médecins, avocats qui déplorent que leurs enfants ne lisent plus Balzac et Jules Verne, alors queux-mêmes pianotent en continu sur leur iPhone. « Ils ont la nostalgie dune bonne éducation à lancienne, dun enfant qui lit, mais ils ont aussi besoin, après le travail, de se ménager des moments à eux. Alors, ils les flanquent devant les écrans, sans réaliser quils risquent de le payer plus tard. La DS et liPad sont les tétines de lenfant moderne. » Tellement efficaces pour obtenir le silence, à la maison, en voiture, chez le médecin « LiPad, cest quand même mieux que la Ritaline » (3), dédramatise Marcel Rufo qui, dans sa salle dattente, a installé des jeux vidéo. Le célèbre pédiatre de Marseille se refuse à tout catastrophisme.
Il y a de quoi sinquiéter, pourtant, à voir ces brassées dadolescents scotchés aux écrans. Nuits sur Facebook, bulletins scolaires en baisse, dialogues de sourds, vie de famille déstabilisée. « Ca passera », rassure-t-il. « Comment les débrancher ? », supplient les parents. Certains vont jusquà couper, le soir, les compteurs électriques ! « Nous voyons de plus en plus de très jeunes obèses qui restent devant un écran, comme les « hikikomori », ces adolescents japonais repliés sur eux-mêmes », sinquiète Xavier Pommereau, chef du service de psychiatrie pour adolescents du CHU de Bordeaux. Pour atteindre le psychisme de certains jeunes patients, il est désormais contraint de passer par leurs avatars sur la Toile. « Beaucoup denfants sont trop dans la virtualité, très narcissiques, avec des imaginaires appauvris, des émotions et des sentiments gommés. Ils flirtent sur la Toile de manière très crue, sembrasent, puis se jettent ; ils ont un déficit de liens avec de vraies personnes en chair et en os. »
Des élèves plus curieux, mais plus zappeurs
A lécole, les enseignants trouvent des élèves plus curieux, mais plus zappeurs. Leur difficulté à se concentrer est démontrée : « En 1934, un gamin restait concentré en moyenne quinze minutes ; aujourdhui, il se cantonne à cinq minutes. Mais il en fait presque autant quun petit davant guerre en dix minutes, explique le spécialiste des sciences de léducation, Philippe Meirieu. Nos jeunes mutants ont une réactivité beaucoup plus grande, ils sont montés sur ressort. »
Dans son dernier essai (Ed. Le Pommier), Michel Serres songe à cette nouvelle humanité, incarnée par sa Petite Poucette, cette enfant moderne au pouce follement habile, qui, grâce à son ordinateur a « une mémoire plus puissante que la nôtre, une imagination garnie dicônes par millions, une raison aussi, puisquautant de logiciels peuvent résoudre cent problèmes que nous neussions pas résolus seuls ». Plein despérance, le philosophe songe :
Aujourdhui, on na pas le cerveau vide, on a le cerveau libre. Nous pouvons nous concentrer sur lintelligence inventive. »
Cest vrai. Pour une minorité. Les profs, eux, voient davantage de butineurs adeptes du copier-coller que de futurs Bill Gates. Le monde de la connaissance leur appartient mais beaucoup ne savent pas en tirer profit, parce que, contrairement à leurs aînés, ils ont baigné dans les nouvelles technologies sans avoir appris à structurer leur pensée. « Ils ne se posent pas, ne savent pas ce quest la propriété intellectuelle, recopient les pages Wikipédia dun clic », se désole une prof de philo dun lycée parisien. Elle dit, comme nombre de ses collègues, que lunivers numérique renforce les inégalités, que les enfants des classes les moins favorisées sen sortent plus mal. « Internet leur donne lillusion dun savoir et les empêche souvent de raisonner par eux mêmes. » Ils puisent le « bon » passage de « lEtranger » sans se fatiguer à lire luvre entière, « googlisent » trois lignes sur Camus, jettent un il en même temps sur leur « exo de maths », sans cesser, avec Deezer en fond sonore, de « checker » leur boîte mails et de balancer des rafales de SMS.
« Le cerveau, surchargé, risque un burn-out »
« Multitâches », cest ainsi que les chercheurs les définissent. Un professeur de Stanford, Clifford Nass, sest amusé à faire passer des tests à ses étudiants, persuadé quil démontrerait la supériorité et la rapidité de leur pensée. Déception : ces têtes en surchauffe ont du mal à faire le tri entre laccessoire et lessentiel. Tout les distrait. Pour Olivier Houdé, le successeur dAlfred Binet à la Sorbonne, lenjeu est précisément là. « Dans le développement de lintelligence, il existe un moment essentiel : linhibition, cest-à-dire la faculté de bloquer des informations non pertinentes, de sélectionner ce quil nous faut, savoir faire le vide. Aujourdhui, pour nous tous et pour les enfants en particulier, cest très difficile, face aux tonnes dinformations qui nous inondent. Le cerveau, surchargé, risque un burn-out. » Il faut durgence le mettre au repos, lui ménager, dans ce monde frénétique, des temps de pause.
Nous tous, parents, chercheurs, enseignants, devons réagir pour continuer de transmettre à nos enfants, à côté de leur intelligence, rapide, fluide, fragmentée, notre mode de pensée plus lent, plus profond. Sils parviennent à jongler avec les deux, ils feront des merveilles. »
A lheure où lécole, dès la maternelle, séquipe décrans tactiles, où certains collégiens jouent à la DS dans la cour de récré et font des dictées à leur rythme, casque sur les oreilles, avec une cassette enregistrée par le prof, certains spécialistes de léducation demandent que lon réfléchisse un peu. Philippe Meirieu plaide pour « renverser la vapeur, donner aux enfants une autre nourriture, dautres valeurs que celles quils trouvent devant lécran, réhabiliter lécrit, travailler la concentration, réapprendre la poésie, les vertus dune belle lettre damour ». Le philosophe Bernard Stiegler vient denvoyer un courrier solennel en ce sens au ministre de lEducation nationale :
Il faut que la puissance publique sapproprie se sujet, forme des profs, fabrique des contenus intelligents. Quelle cesse de céder aux sirènes du marketing, et de séquiper tous azimuts sans réfléchir à la société de demain. »
Chaque jour, le psychiatre Xavier Pommereau martèle le même message aux parents : « Faites-leur faire du sport, des cabanes, de la peinture, de la cuisine. Sortez-les de leurs mondes virtuels ! » Pour ses ados shootés aux écrans, il a décidé dinstaller dans son service un four à pain afin qu »ils mettent la main à la pâte ». Pas question que seuls les enfants de la Silicon Valley soient protégés des tourments de la vie 2.0.
(1) Du nom du chercheur James Flynn, qui a mis en évidence laccroissement du Qi depuis dix ans dans les pays industrialisés.